Annejulie Charest

Après avoir complété un baccalauréat en philosophie avec une concentration en études allemandes à l’Université du Québec à Montréal en 2022, j’ai quitté temporairement le milieu académique afin de cultiver d’autres manières de se rapporter aux savoirs et aux pratiques philosophiques. C’est à travers l’intervention sociale et le développement d’une pratique cinématographique que le désir d’entamer une maîtrise s’est manifesté, justement puisque l’enquête philosophique m’apparaissait comme l’outil approprié pour aborder un phénomène qu’il m’avait été donné d’observer de près et sous différents éclairages : la relation complexe entre les femmes et l’institution médicale.

Sous la direction d’Aude Bandini, je rédige présentement un mémoire s’intéressant à la présomption d’incompétence qui plane sur les femmes dans le contexte médical. D’importantes recherches en sociologie et en philosophie ont montré que la construction androcentriste des savoirs médicaux et la prégnance de biais sexistes et racistes conduisent à une prise en charge médicale lacunaire, déficiente et/ou inadéquate des patientes. Or il semble que dans les domaines de la gynécologie et de l’obstétrique, les femmes dénoncent en outre des pratiques qui tendent à médicaliser excessivement leurs expériences de la contraception, de la grossesse et de l’accouchement. Ma recherche veut contribuer à l’analyse de ce phénomène de « surmédicalisation » gynécologique et obstétrique en montrant qu’il peut être considéré comme la réponse médicale à l’incompétence présumée des femmes en matière de santé reproductive. L’enquête a donc pour but de préciser la notion d’incompétence et le rôle de la présomption d’incompétence dans ce contexte particulier où la santé des femmes est réfléchie, plus ou moins explicitement, comme la santé du corps social. Ainsi, en prenant comme point de départ la présomption d’incompétence, je propose une réflexion qui porte sur les causes et les modalités du contrôle du corps des femmes que la médecine sert parfois.