Après une dizaine d’années d’enseignement au Collégial, je ressentais le besoin de reprendre un projet inachevé sur le thème de la liberté à l’engagement chez Jean-Paul Sartre. Mon retour sur les bancs d’école me permit de prendre ce sujet sous un autre angle d’approche, moins historico-existentialiste, et plus analytico-normatif.
Me voici actuellement en rédaction d’un mémoire de maîtrise sur le sens dans la vie revisité par la philosophe Susan Wolf sous la direction de Christine Tappolet à l’Université de Montréal.
Dans le cadre de ce mémoire, nous sommes amenés à prendre en considération de nouvelles raisons d’agir potentiellement légitimes par-delà les théories éthiques dominantes. Le travail de Wolf est de démontrer la légitimité d’actions non-morales lorsque leur valeur intrinsèque et objective les rend dignes de choix. Elle soutient qu’il serait déraisonnable que la moralité soit complètement détachée de la psychologie humaine : ce qui est raisonnable selon elle, c’est de réviser le poids de la moralité si cette dernière entre en conflit avec un projet, un intérêt ou un engagement hautement valable et qui donne du sens à la vie d’une personne. La porte s’ouvre ici vers l’admission de d’autres types de raisons dans la sphère de l’éthique normative, notamment les «raisons d’amour». Mon projet est de rendre disponible cet argumentaire et de lui adresser les critiques qui s’imposent.
De plus, la pertinence et l’actualité du sujet du sens dans la vie n’est pas sans intérêt ici : nous serions intéressés ultérieurement à lier ces raisons d’agir à des sujets d’éthique appliquée tels l’aide médicale à mourir, le suicide, la radicalisation ou encore les projets de société au cœur des nations.