Je m’appelle Mathieu Baril et je suis présentement au doctorat en philosophie à l’Université
McGill.
Au cours de mon parcours universitaire (baccalauréat en philosophie à l’UQAM et maitrise en philosophie à l’UdeM) je me suis particulièrement intéressé au concept d’autonomie en psychologie morale. Ce qui m’intéressait particulièrement, c’est la manière dont les conditions
d’oppression peuvent affecter l’autonomie des personnes, et en particulier la manière dont ces conditions affectent des attitudes comme l’estime de soi et génèrent des émotions comme la honte. En lien avec cette question, je m’intéressais particulièrement aux écrits tardifs de Harry
Frankfurt, notamment à ceux portant sur la notion d’amour de soi et de nécessité volitionnelle.
Mon étude de Frankfurt m’a cependant mené vers une autre piste de recherche. Mon avis est que
l’approche hiérarchique de Frankfurt n’est pas adéquatement conçue comme une théorie de
l’autonomie : celle-ci se présente plutôt comme une théorie de l’agentivité. Cette réinterprétation
de Frankfurt m’a donc amené, dans un deuxième temps, à m’intéresser à l’étude de l’agentivité.
Ma thèse comporte deux parties principales. Dans la première partie, je développe une analyse
exégétique et critique des écrits de jeunesse de Frankfurt (entre environ 1969 et 1976). Je
démontre que ce dernier effectue, comme il est assez courant de le faire dans la littérature sur la
liberté de la volonté, une réduction des conditions de l’agentivité libre (et de l’autonomie) à celle
de l’agentivité, et je soutiens que cette réduction est non-convaincante. Dans la deuxième partie,
je me sers de cette interprétation de Frankfurt comme d’une base pour le développement d’une
théorie de l’agentivité, laquelle a comme caractéristique principale d’être non-causale. Je
soutiens, par ailleurs, qu’une approche non-causale est inadéquate lorsqu’elle est fondée sur la
notion de décision ou de choix, comme le fait Frankfurt, mais qu’une théorie non-causale fondée
sur la notion de « disposition volitionnelle » s’avère beaucoup plus convaincante.