Maxime Berthiaume

Je suis actuellement étudiant au doctorat en philosophie à l’université de Montréal. J’y ai également complété mon bac et ma maitrise. Mon mémoire de maitrise, sous la direction de Christine Tappolet, traitait de la valeur épistémique des intuitions morales. Autrement dit, est-ce qu’avoir l’intuition morale de X nous donne de bonnes raisons de croire que X est vrai. Pour résumer mes conclusions, les théories fonctionnalistes en épistémologie morale sont plus prometteuses que les théories cohérentistes. L’essentiel du mémoire portait donc sur les théories fondationnalistes qui accordaient un rôle central aux intuitions pour fonder la connaissance morale. On appelle ces théories les théories intuitionnistes. J’ai identifié 3 sortes d’intuitionnisme pour en arriver à la conclusion que l’intuitionnisme philosophique tel que défendu par Henry Sidgwick dans The Methods of Ethics était ma théorie intuitionniste préférée. Mon mémoire n’était pas une défense de l’intuitionnisme, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne théorie en épistémologie morale, mais je pense avoir démontré que c’est une option théorique plausible qui arrive à répondre aux objections les plus sérieuses lui étant adressées. Après ma maitrise, j’ai enseigné 1 an et demi au collégial. Ce fut une magnifique expérience qui m’a convaincu que c’est la carrière que je veux poursuivre. Suite à cela, je me suis inscrit au doctorat à l’hiver 2023, cette fois pour traiter d’une question plus appliquée, celle de savoir si manger de la viande est moralement problématique. Ce questionnement, encore sous la direction de Christine Tappolet, a commencé parce qu’il est très rare dans la littérature en éthique animale qu’on trouve des arguments soutenant le caractère permissible ou même moralement bon de manger de la viande. Avec ça en tête, mon projet de thèse est de rassembler en un seul ouvrage les différentes manières que les philosophes analytiques contemporains justifient qu’il est permissible de manger de la viande. Avant de faire ma recherche ma position est que le traitement subit par les animaux dans l’industrie de la viande est une des plus grandes aberrations morales dans le monde aujourd’hui. Cependant, s’il existe une quantité considérable de philosophes académiques qui pensent
le contraire, il vaut le coup de comprendre leurs arguments pour voir s’ils tiennent la route. Bref, ma thèse a donc deux objectifs. D’abord de fournir une ressource claire et en français des différentes manières que des philosophes analytiques contemporains défendent la permissibilité de manger de la viande et ensuite de voir si le meilleur argument que je peux trouver qui défend qu’il n’est pas immoral de manger de la viande tient la route.ontréal. Depuis, je complète
une maitrise en philosophie avec l’option enseignement au collégial à la même université. Durant
cette maitrise, je rédige un mémoire sous la direction de Mme Christine Tappolet.

Je travaille principalement en méta éthique. Plus précisément en épistémologie morale, sur le questionnement quant à la possible objectivité de propositions normatives en éthique. Cette possibilité dépend de la capacité de justifier des énoncés normatifs. Cet intérêt pour la méta éthique est inspiré de Descartes et de son analogie de l’arbre. Je m’intéresse aux racines de l’éthique, à la base, ce à partir de quoi on construit des théories, ce qui est présupposé par le reste de l’éthique.
Prenons un exemple classique, celui d’un cas où deux interlocuteurs sont en accord sur les faits, mais ont un désaccord normatif sur l’évaluation de ces derniers. La question que je me pose est si ce type de désaccord est soluble (et pourquoi), ou si les deux individus ne peuvent pas vraiment justifier que leur posture normative est plus vraie que celle de leur interlocuteur. Dans la littérature actuelle, les intuitions ont un rôle absolument central dans la large majorité des des théories de la justification. Que ce soit par l’équilibre réfléchi qui est la méthode par défaut en éthique, par l’intuitionnisme, par le constructivisme ou la plupart des autres méthodes de
justification, l’intuition va intervenir à un certain moment. Il semblerait donc qu’il y ait une relation
très étroite entre la justification d’énoncés normatifs en éthique et nos intuitions morales. Se
questionner sur le pouvoir épistémique des intuitions est donc essentiel pour savoir s’il est possible
de fonder objectivement l’éthique et c’est pourquoi j’accorde une importance spéciale aux intuitions
morales dans mon mémoire.