Charle André Terrault

J’ai obtenu un baccalauréat en philosophie de l’UQAM 2018 et poursuis actuellement la maitrise en philosophie à l’UdeM. Mon mémoire, rédigé sous la direction de Christine Tappolet, porte sur le perceptualisme et l’intuitionnisme en métaéthique. L’objectif y est d’évaluer la force des arguments contre ces théories, dans le contexte où celles-ci sont associées au réalisme moral.

Le réalisme moral affirme l’existence de faits moraux en vertu desquelles nos croyances morales seraient vraies ou fausses indépendamment du point de vue évaluatif. Qui plus est, il affirme que nous sommes plus souvent dans la raison que dans le tort face aux faits moraux. Cette théorie exige l’existence, pour les agents moraux, d’une forme d’accès épistémique à ces faits en vertu desquels ils devraient réfléchir leurs actions. On considère généralement, depuis Principia Ethica (Moore 1903), que l’on ne peut obtenir de connaissances morales par inférence à partir de connaissances non-morales. Cela implique que la justification de la connaissance morale fondamentale doit être non-inférentielle. C’est pourquoi le 20 e siècle a vue
gagner en popularité les théories voulant placer la justification ultime de la connaissance morale dans l’expérience consciente des agents moraux, que ce soit à travers les intuitions (certains intuitionnistes préfèrent parler d’appréhensions) ou la perception. Toutefois, est-ce là vraiment une avenue pour défendre le réalisme moral? Nombre d’arguments portent à croire que non et c’est le contexte dans lequel s’inscrivent mes recherches.

Cela dit, l’intérêt de mon mémoire est double. D’une part, l’effervescence des débats en épistémologie morale durant les deux dernières décennies entraine le besoin du genre de point de vue général que je propose. D’autre part, j’amène certaines innovations par rapport à ce que propose la littérature philosophique. Notamment, je travaille sur un argument nouveau, similaire à l’argument de la pénétration cognitive, mais généralisable à l’ensemble des modes non-inférentiels d’acquisition de connaissances, suivant lequel ces modes ne peuvent produire une connaissance morale nouvelle sans
l’apport d’une connaissance morale préalable nous permettant de juger de la validité de nos associations entre les éléments pertinents de notre expérience et les faits moraux. (J’ai présenté les grandes lignes de cet argument lors du Colloque des cycles supérieurs à l’automne 2019.)

Lorsque je ne travaille pas sur ces questions d’épistémologie morale, je m’intéresse à la question de l’existence des entités abstraites en ontologie, au réalisme de la signification en sémantique, au problème difficile de la conscience en philosophie de l’esprit et, finalement, à la relation entre la métaéthique et l’éthique, surtout lorsque cela concerne des enjeux qui me tiennent à cœur tels que l’antispécisme, la diversité sexuelle, la diversité de genre et l’exploitation économique.